Expatrié et immigré, l’artiste se trouve en perpétuelle mutation au travers des images. Il cherche encore ce langage-passerelle capable de relier l’origine à l’ancrage, le territoire quitté à celui où il demeure — un espace visuel où se tissent les strates d’une identité en mouvement.
Né au cœur des Alpes françaises, dans une région où la verticalité des montagnes façonne l’imaginaire autant que le paysage, l’artiste et photographe aujourd’hui établi à Québec inscrit sa pratique dans une filiation profondément sensible. Son rapport à l’image prend racine dans l’enfance, lors des voyages partagés avec sa mère, toujours munie de son appareil photo. Dans le studio du photographe de la famille, il découvre les gestes essentiels du laboratoire argentique. Parmi les rares réminiscences qui traversent le temps, persiste l’odeur des négatifs fraîchement libérés de leur canister : une empreinte fondatrice, presque rituelle.
Installé aujourd’hui à Québec, il arpente quotidiennement les rues, les marges et les zones silencieuses de la ville. Sa pratique documentaire s’attache aux interstices du réel : objets tombés, rebuts devenus artefacts, scènes urbaines décalées, natures mortes accidentelles. À travers ces fragments, il compose des récits où le banal se charge de mystère, où la poésie surgit du presque rien.
Qu’il travaille en argentique ou en numérique, l’élan demeure inchangé : retrouver dans chaque image l’écho de cette transmission maternelle et la possibilité d’un langage en devenir. Plus de vingt ans après ses premières expérimentations, il poursuit cette exploration visuelle comme une conversation intime — patiente, ouverte, et toujours en quête de sens.
©tristanpasquiergevaux25